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Les Mystères de Pékin
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14 septembre 2012

Désert de Badajilin

Voilà, ça m'a pris pas mal de temps mais j'ai enfin terminé de trier les photos de mon voyage dans le désert ! C'est que j'ai quand-même pris un gros gros gros paquet de photos, et que mon PC fait toujours sa chochotte quand on parle photos tous les deux. Dès que j'en ai visionné, supprimé ou fait pivoté une dizaine, il tombe dans les pommes. Je ne peux pas l'accuser de faire une allergie à la Chine, il avait déjà ses symptômes en Grèce ! Bref, après avoir sélectionné minutieusement les clichés les plus représentatifs, il en reste 169 que je viens de publier sur l'album Désert de Badajilin. Comme d'habitude, les photos sont accessibles via l'album dans la colonne de droite, ou via la carte ci-dessous.

 

desert

 

Alors que je vous raconte un peu ce voyage quand-même !


Jour 1 : Départ de Pékin en train. C'était la deuxième fois que je prenais le train en Chine. En couchettes dures cette fois-ci. C'est relativement confortable et contrairement aux couchettes molles, il n'y a pas de séparation entre le couloir et les blocs de lits, du coup on voit des deux côtés du train. On profite également du bruit, des odeurs des toilettes et des odeurs de tabac. Et des bruits organiques dont les chinois ne se privent pas. Étant partie pour 17h de train, je me suis rapidement assoupie, avant d'être réveillée par un bruit récurrent. Je devais rêver à moitié et j'avais l'impression qu'un pic-vert cognait la vitre. Finalement, il s'agissait d'un chinois qui grignotait des graines de tournesol. Bruyamment donc. Après il a préparé sa soupe, à partir d'un pot de soupe déshydratée. Il a épluché et coupé en morceau une saucisse (genre knacki, mais blanche, avec une peau rouge ou orange), il l'a mise à tremper dans le pot de soupe, et un bon moment plus tard, il a attaqué sa gamelle. Un vrai cérémonial. Ce train allait jusqu'à Urumqi, et je crois que le voyage dure entre 24h et 30h. J'imagine que dans ces cas là, on prend tout son temps pour préparer et consommer ses repas, ça fait passer le temps. C'est amusant de voir les chinois monter à bord, ils portent, en plus de leurs bagages, des sacs plastiques remplis de bouffe, notamment des soupes déshydratées, des biscuits secs, des fruits, de la viande séchée ... Sinon ce qui est bien, c'est que dès le départ du train on nous prend nos tickets et on nous donne une sorte de carte à la place. Comme ça, quand on arrive à destination, une hôtesse vient récupérer la carte et nous rendre notre ticket. Dans ces conditions, même en ne parlant pas chinois, on ne risque pas de louper son arrêt. Surtout quand on arrive en pleine nuit, non seulement dans le noir mais surtout à l'heure on on dort profondément (dans la mesure du possible, en fonction des soubresauts du train et des ronflements des voisins).

 

Jour 2 : Le train nous a donc déposé en gare de Jinchang, à 1 500 km à l'ouest de Pékin. Un mini bus d'une autre époque nous attendait. Je n'ai pas eu le réflexe photo ... à 3h du matin on n'a pas toujours tous ses esprits. On a roulé pendant 2 heures environ, et nous nous sommes arrêtés dans la dernière ville avant le désert. L'occasion de prendre un petit déj et d'utiliser pour la dernière fois avant un bon moment des toilettes "urbaines". Vous verrez sur les photos que ces toilettes donnent rapidement mal au coeur, mais pour ma collection de photos "Toilettes du Monde", c'est un jour important. Ce grand moment passé, on monte à bord d'une jeep qui nous conduit dans le désert. Toutefois à peine entrés dans le désert, on nous fait le coup de la panne. C'est l'occasion de respirer le grand air, d'admirer toutes ces couleurs, de réaliser que ayè ! ce sont les vacances. La panne est réparée, on repart, et on retrouve la femme de notre guide, qui est allée récupérer quelques-uns de ses chameaux dans les dunes avoisinantes. On laisse nos bagages dans la jeep et on continue à pieds .. en douceur au début, mais l'ascension devient vite très sportive. Très très sportive. Mais du sommet des dunes, la vue est magnifique. On profite du paysage avant de redescendre vers la maison de notre guide. Après cette première rando en plein soleil, on prendrait bien une douche, mais en plein désert ce n'est pas vraiment possible. Pour ce premier soir il y a cependant une alternative à la toilette aux lingettes : la toilette à l'eau du puits, dans un baquet qui ressemble à un abreuvoir pour animaux. Allez ... un peu d'eau fraîche c'est toujours agréable. Il suffit de ne pas regarder les insectes morts qui flottent à la surface ! Ce qui est déstabilisant c'est de se retrouver complètement à moitié à poil au milieu des dunes ! Notre petit groupe étant relativement organisé, nous sommes allés nous laver en toute confiance, à tour de rôle. Mais les salles de bains sont généralement des lieux étroits et intimes, et se retrouver dans le plus simple appareil dans un lieu complètement ouvert, ce n'est pas habituel ! Cette longue journée ayant aiguisé nos appétits, nous avons dîné, une noodle soupe faite maison, la première d'une longue série.

 

Jour 3 : Les couleurs sont magnifiques. Notre guide habite au bord d'un lac, les reflets du ciel et des dunes dans l'eau sont tout simplement magiques. Le petit déj me permet de goûter du lait de chamelle. C'est un peu aigre mais pas mauvais. A consommer avec modération parait-il, ça donne la diarrhée. Je n'en bois qu'un bol, mais en ce qui me concerne le mal est fait, j'ai mangé dans un resto thaï la veille du départ, et mon système digestif n'a pas apprécié du tout. Entre l'eau du puits à boire, l'eau du puits pour le thé, l'eau du puits pour laver les légumes, et l'eau du puits pour cuisiner les noodles soupes, il n'y a aucune chance pour que mon transit se rétablisse dans un avenir immédiat dans le désert. Après le petit déj, on nous dit que les chameaux doivent manger, que l'on partira plus tard. J'en profite pour me balader de nouveau au bord du lac. Selon les endroits, l'eau est soit douce, soit salée. D'ou les traces blanches qui sont en fait des traces de sel. Je me fais dévorer par les moustiques et je rentre patienter à l'intérieur, le soleil ayant décidé de se cacher un peu. On décolle finalement en début d'après-midi, après avoir déjeuné d'une noodle soupe. L'attelage des chameaux est impressionnant. L'habitude et le savoir-faire de nos guides nous laisse perplexe. Nous commençons par marcher seuls avant d'être rejoints par les chameaux, sur lesquels nous pouvons désormais grimper. La sensation est curieuse ... d'un côté il y a l'altitude qui me donne le vertige (ben oui c'est haut un chameau), de l'autre le sable qui me rassure, en cas de chute je ne devrais pas avoir trop mal. Quand le chameau monte les dunes, tout va bien. Quand il descend légèrement, c'est flippant. On a peur de basculer. A côté de ça les chameaux ont beau être attachés les uns aux autres, dans un ordre décidé par les guides, certains préfèrent être en tête ou marcher devant l'autre. On s'emmêle un peu dans les cordes, on prend des coups de tête .. et une fois la frayeur passée, c'est plutôt drôle. Ce qui est moins drôle, c'est le contrôle de police qui nous attend au milieu des dunes. En fait, il faut une autorisation spéciale pour voyager dans le désert. On l'obtient en échange d'un peu d'argent évidemment, et contre présentation de nos passeports, de nos visas, et de notre itinéraire. Notre organisateur s'étant occupé de toutes ces démarches, il n'y avait pas de souci particulier. Sauf pour nos guides chinois, ceux du désert, ceux qui nous ont hébergé la veille. Habitant dans le désert, ils n'avaient pas besoin d'autorisation pour y déambuler. Jusqu'à maintenant en tous cas. Une forme de racket organisé au final car notre guide chinois faisait concurrence aux agences de voyages implantées localement et de mèche avec la police. Mécontentes de le voir trouver des clients ailleurs, elles ont probablement choisi de le dénoncer. Ce qui peut se comprendre aussi ... ces agences payent des taxes pour avoir un monopole d'exploitation, et des particuliers pourraient marcher sur leurs plates-bandes sans payer d'impot ?? Bref le débat est compliqué et personne n'est tout blanc certainement, quoiqu'il en soit c'était un moment surprenant. Après cette pause inattendue, nous avons continué notre chemin, vers un autre lac. Ce deuxième lac n'était pas très attrayant en fin de journée, il ne reflétait que la couleur des dunes elles mêmes assombries par le déclin du soleil. Nous avons cependant été accueillis par le seul riverain. Crêpes chinoises et thé pour l'apéro ... et pour dîner devinez quoi ??? Une noodle soupe. Rien que d'y penser mon estomac s'est contracté. Je me suis gavée de crêpes insipides mais nourrissantes avant d'aller dormir à la belle étoile. Aux belles étoiles devrais-je dire ... il y en avait des milliers, et pas la moindre pollution lumineuse.

 

Jour 4 : Pas de chant du coq pour le réveil, mais les pas et caquètements d'une poule. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça laisse songeur. Après le petit déj, nous avons flâne autour du lac. Les couleurs, les reflets ... c'était vraiment magnifique. Il y a plus de vie que ce qu'on imagine dans le désert, après les chameaux, les moustiques et les poules , j'ai rencontré des vaches, des mouches et de minuscules crevettes rouges. En début d'après-midi nous avons levé le camp. Il y a peu de photos de notre parcours en raison de la tempête qui nous a un peu surpris. Mon appareil photo n'a pas trop apprécié le vent et les grains de sable, j'ai donc évité de l'exposer davantage. Au début j'aurais pu le faire, mais il y a un moment, nous étions tout en haut des dunes et le vent soufflait si fort qu'il était impossible de bouger. Nous sommes restés scotchés les uns aux autres un bon moment. D'ailleurs si j'avais eu le choix, nous aurions attendu encore longtemps en haut, plutôt que d'essayer de marcher contre un vent plus fort que nous. Finalement nous avons réussi à dépasser une dune et à être moins exposés. Nous sommes descendus vers un lac ou théoriquement nous attendait un riverain. Mais l'organisation n'était pas le fort de nos organisateurs, et il n'y avait personne. Nous avons donc continué notre chemin jusqu'au lac suivant. La rando nocturne c'était moyen et limite inquiétant. La présence des guides chinois était rassurante, même si sur le moment il me semblait plus sage de planter les tentes et de manger les quelques morceaux de pain et de fromage qui nous restaient. Finalement nous sommes arrivés jusqu'à une maison, et pour une fois, nous n'avons eu que des noodles, sans la soupe. Ouf ! Et nous avons dormi dans le salon, car le vent s'était de nouveau levé, rendant impossible l'installation des tentes.

 

Jour 5 : Réveil glacial, la température a beaucoup baissé, mais le vent a chassé les nuages. Encore un nouvel animal du désert : un chat !! Nous ne traînons pas trop, et quittons les lieux dès le matin. Voici un petit aperçu de l'attelage des chameaux :

 

 

Nous avons parcouru quelques kilomètres avant de rejoindre un autre lac. Ce lac était différent du fait de la présence sur sa rive d'un temple bouddhiste. Haut lieu de pèlerinage du désert. Il était possible d'entrer dans le temple, mais il était interdit de photographier l'intérieur. Sur place, nous avons été accueillis par les gardiens du temple, chez qui nous avons déjeuné. Alors ne vous y méprenez pas, la photo d'un bol de thé avec des croûtons ne représente pas tout à fait ce que vous imaginez ... les croûtons sont en fait de la graisse de mouton. Carrément. Bon ce n'était pas mauvais et ça ressemblait finalement à des croûtons, mais psychologiquement c'est bien d'être préparé :) Vous ne serez pas surpris si je vous dit qu'au menu de ce déjeuner il y avait ... une noodle soupe. Je vous parle tellement de cette noodle soupe qu'il me semble indispensable de vous montrer ce mini film, sur la préparation de la pate. Qui à première ressemble à la pâte d'une baguette. Mais si j'avais vu une seule baguette dans le désert, je m'en souviendrais :)

 

Après déjeuner, nous sommes repartis vers ce qui m'a semblé être le plus beau recoin du désert. Les couleurs, les lumières, les dunes, le lac ... tout était magnifique. Après avoir été dévorés par les moustiques aux abords du lac, nous avons planté nos tentes. Le menu du soir était le même que celui du midi, mais là je n'étais plus la seule à renoncer ! Tous les occidentaux ont déclaré forfait, et se sont jetés sur ce qu'il restait de pain et de crêpes séchées dans les bagages.

 

Jour 6 : Nous sommes partis tranquillement dans la matinée, direction notre point de départ, la première maison et le premier lac du désert, l'endroit ou l'on pouvait se "doucher" à l'eau du puits, au milieu des dunes. Paysages toujours sublimes et chameaux amusants, contents de rentrer chez eux ou nostalgiques de voir la fin du voyage approcher, on avait l'impression qu'ils admiraient le panorama, tout comme nous. Après cette randonnée matinale ... nous avons déjeuné ... d'un bol de riz !!! Et là quelqu'un a sorti un pot de nutella ... entamé certes, mais un pot de nutella. C'était Noël !!! Ralala quel grand moment :) Avant le grand départ en jeep, son propriétaire a décidé de la bichonner et de la faire briller. J'ai trouvé ça amusant, nettoyer sa voiture avant de rouler avec pendant 2 heures dans le désert. Nous avons fait plusieurs pauses en chemin, pour papoter avec tous les voisins du désert croisés en route. Nous avons fait halte chez le tondeur de chameaux, un nomade qui s'est presque sédentarisé tellement son entreprise a eu du succès. De retour en ville, nos organisateurs n'avaient pas jugé utile de réserver l'hôtel, nous sommes donc arrivés à 21h30, devant un hôtel complet. Mais en Chine tout est possible, on a ouvert un hôtel rien que pour nous au dessus de la station service. A priori quelqu'un avait déjà dormi dans nos lits avant, ils étaient défaits, il y avait des cheveux (c'est moins pire que de penser qu'il s'agissait de poils), mais c'étaient des lits. Des lits très durs, mais des lits. Côté salle de bains, c'était rustique. Une pièce, 3 lavabos, et de l'eau froide. Un chauffe-eau limite dangereux et une bassine fissurée pour se servir ... après une semaine de toilette à la lingette, ce n'est pas si mal. Le dîner à base de riz et sans noodles a été plus qu'apprécié !

 

Jour 7 : Nous avons quitté la ville frontière du désert en mini-bus, direction la gare de Jinchang. Retour sur terre, la circulation, les voitures, l'asphalte, les usines hyper polluantes (et probablement dangereuses pour les ouvriers et pour les voisins) ... Nous avons repris le train, direction Pékin. Si l'aller s'est fait en 17h, le retour a pris 28h. Les couchettes dures sont confortables, mais après 28h assis/couché/assis/couché ... on a mal partout quoi qu'il arrive !

 

Je crois que j'ai fait le tour. Conclusion, le désert de Badajilin est un endroit à voir pour les amateurs de désert. A voir rapidement je pense car si j'ai eu la chance de le voir peu fréquenté, il est probable qu'il sera d'ici peu une destination branchée. Des hôtels sont déjà en construction au bord de certains lacs. Et les saisons ou il fait bon pour voyager dans le désert sont assez courtes, l'hiver est glacial, l'été est brûlant, la 1° semaine d'octobre il y a foule ...

 

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